Attention : cri poussé pour alerter autrui d’un danger imminent ; capacité à se focaliser volontairement sur quelque chose ; marque d’intérêt ou d’affection envers quelqu’un. Ces trois définitions ont comme point commun de désigner la concentration sur un objet.
L’attention, c’est l’élément indispensable à tout apprentissage. Et pour qui a été dans une classe ces dernières années, ou discuté avec un enseignant, on a l’impression que c’est une denrée qui se fait de plus en plus rare (je ne parle pas ici du cas spécifique des TDA/H, pour qui le défaut d’attention est un trouble sur lequel il est toujours bénéfique de travailler avec des professionnels ). Pourtant, sans attention, pas de concentration (c’est-à-dire la capacité à se consacrer à une tâche en faisant abstraction de son environnement). En outre, il sera très difficile pour quiconque de mémoriser des informations. En effet, l’attention et la prise de conscience permettent d’amplifier les informations partagées et, donc, de faciliter la mémorisation.
Dès lors, avant d’entamer une leçon, mieux vaut s’assurer qu’on a capté l’attention des élèves pour leur offrir les moyens de se concentrer.
Comment développer l’attention ?
Avant tout, l’attention, ça se montre. Et oui, comme pour beaucoup de choses, on commence par montrer l’exemple. Donc, exit le smartphone à table, le double écran quand on regarde un film en famille, ou l’interruption de la conversation dès que vous entendez une notification.
L’attention, ça s’explique aussi. Dès l’âge de 2 ans, votre enfant est capable de comprendre que l’attention, c’est important et ça peut rapporter gros. Ainsi, vous êtes en train de lui lire une histoire, et il se met à faire autre chose : interrompez l’histoire ; il se reconcentre sur vous, l’histoire redémarre. Vous n’avez pas besoin de lui reprocher son manque d’attention, juste de lui expliquer que comme il ne semblait plus concentré, vous avez préféré suspendre la lecture. Vous pouvez également mimer une saynète avec deux marionnettes : elles discutent lorsque soudain l’une s’en va sans crier gare. Votre petit trouvera sûrement cette situation étrange. Discutez-en avec lui.
L’attention, ça s’éduque. Valorisez la dans des situations où être attentif apporte un résultat positif, au cours d’un jeu par exemple (comme une partie de Memory, pour les plus jeunes, ou un jeu de rôle ou de poker pour les plus grands). Montrez à vos enfants quel plaisir et quelle satisfaction ils peuvent tirer d’une situation où ils auront été attentifs : gagner à un jeu donc, mais aussi une leçon plus vite apprise s’ils ont été attentifs en cours.
Vous pouvez également pratiquer avec vos enfants ou vos élèves la méditation (autrement appelée… pratique de l’attention), elle se développe de plus en plus, y compris à l’école. C’est une excellente manière d’apprendre à se concentrer sur l’instant présent et sur soi. Une bonne entrée en matière peut se faire avec Calme et attentif comme une grenouille ou avec l’application Petit Bambou .
Comment maintenir l’attention ?
Déterminez des objectifs clairs et précis, et tenez-vous y (ça marche aussi pour les adultes). Les élèves apprennent mieux lorsqu’on leur explique clairement le but et la raison de l’apprentissage. Et si vous pouvez y trouver des applications concrètes dans leur vie de tous les jours, c’est la cerise sur le gâteau ! De même, expliquez leur précisément ce que vous attendez d’eux. Et si vous parvenez à rester cohérent et à leur montrer que tout ce que vous leur demandez converge vers un même but, c’est gagné.
Évitez le pilotage automatique : essayez de faire preuve de nouveautés dans les apprentissages, dans la manière d’enseigner ou d’apprendre. Même si les routines sont importantes, dérogez de temps en temps à l’habitude, en changeant l’horaire d’une matière par exemple.
Autorisez le mouvement régulièrement : les enfants ont besoin de bouger, et pourtant, on leur demande de rester assis (et immobiles parfois) sur une chaise durant de longues périodes. Alors, laissez-les aller prendre un livre lorsque le travail est terminé, ou jeter un papier à la poubelle. Au moment des devoirs, laissez votre enfant réciter sa leçon ou réfléchir à un problème de maths en faisant les 100 pas.
Organisez le temps : pour les devoirs, mettez au point un emploi du temps en alternant plages de travail et petites pauses bienvenues pour que le corps se mette en mouvement justement. Cela donnera aussi une vision claire de ce qu’il y a à faire et du temps disponible pour le réaliser. Et oui, avoir une deadline rend plus efficace et incite à se concentrer. « Plus je dispose de temps et plus le travail prévu me prendra du temps et occupera la totalité de mon temps disponible », dit la loi de Parkinson.
Bannissez les distractions : on évite la télé en fond sonore, on met son téléphone sur silencieux et on coupe les notifications, on maintient un espace de travail bien rangé. Stanislas Dehaene va même jusqu’à préconiser de ne pas trop illustrer les manuels, de ne pas trop décorer les classes ce qui, selon lui, ne ferait « que distraire l’enfant et l’empêcher de se concentrer”.
Comme vous le voyez, on peut apprendre à développer son attention, et on a tout à y gagner : satisfaction, efficacité, estime de soi. Mais il faut savoir que la concentration est limitée dans le temps, même si cela grandit avec l’âge : une quinzaine de minutes pour les enfants de 3-4 ans, 20 min vers 5 ans, 30 min vers 7 ans, 40 min à 10 ans. Au-delà de ce temps, il faut changer d’activité ou même faire une petite pause sous peine que l’enfant n’écoute plus, ne se mette à bouger ou à laisser vagabonder son esprit.
Attention donc à ne pas trop demander à vos enfants sous peine d’être contre-productifs.
L’attention se travaille comme un muscle et il n’est jamais trop tard pour commencer.
Jeanne Siaud-Facchin
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