Do it yourself : l’apprentissage par l’action

S’il est une idée reçue qui a la vie dure, c’est celle de croire qu’il suffit d’être au contact de connaissances pour qu’elles infusent tranquillement dans notre être. Non, l’apprentissage n’est pas comme un bon thé, il ne saurait être passif. 
Tout comme il ne sert à rien d’espérer devenir incollable sur un sujet en écoutant un enregistrement en boucle durant notre sommeil, il est désormais  évident que le cours magistral a ses limites.

Apprendre en agissant

Pour apprendre, l’élève a besoin d’agir. La psychologie cognitive et l’imagerie cérébrale le montrent : le cerveau est un organe toujours en alerte, qui apprend en testant constamment les hypothèses qu’il a échafaudées sur le réel. “L’enfant est un scientifique en herbe”, nous dit le neuropsychologue Stanislas Dehaene dans Apprendre ! Les talents du cerveau, le défi des machines. Tout comme se tromper lui permet de mettre à jour ses modèles, être actif le conduit à générer de nouvelles hypothèses sur le monde qui l’entoure.
Il faut donc engager l’élève, solliciter son intelligence, aiguiser sa curiosité. C’est aussi comme ça qu’on lui donnera l’envie. 

Dewey et son école pragmatique

John Dewey ne dit pas (et ne fait pas) autre chose, et ce dès la fin du XIXe siècle. Pour ce philosophe et psychologue américain, référence en matière d’éducation nouvelle, l’individu doit avoir une part active dans sa formation et l’apprentissage, avant d’être une accumulation de connaissances, doit être un facteur de progrès global. Dewey est un pragmatique : il crée en 1894, avec sa femme, sa propre école primaire expérimentale, dans laquelle il se concentre sur l’apprentissage par la pratique. On n’y enseigne pas les matières standard, mais les élèves y travaillent sur des projets. Et c’est via ces projets qu’ils abordent les différentes disciplines. On pourrait imaginer que le projet est la construction d’une cabane : il faudrait alors aborder la géométrie et le dessin pour élaborer les plans, les mathématiques et la trigonométrie pour construire une maquette, la biologie pour choisir la bonne essence de bois, etc… 

Engager l’enfant, c’est aussi le replacer dans son environnement et le lui expliquer.

Enrichir l’environnement de l’enfant dès son plus jeune âge

Dès sa première année, le bébé dispose de connaissances sur son environnement : il a le sens des nombres et des probabilités, le goût des langues, la connaissance des personnes. On peut, et on doit donc, dès leur plus jeune âge, les nourrir intellectuellement, en les considérant comme des personnes à part entière : en leur parlant, beaucoup et sérieusement, en n’hésitant pas à utiliser un vocabulaire élaboré, en répondant à leurs questions, même les plus difficiles (via des ateliers philo, par exemple). On peut aussi les initier, jeunes, aux jeux de mots ou de construction, aux casse-têtes, leur raconter des histoires. 
C’est en leur expliquant le monde qui les entoure qu’on permettra à leur cerveau de se développer au mieux, et qu’on préservera le plus longtemps la plasticité juvénile de ce cerveau. 

L’apprentissage, pour être efficace, doit donc développer chez l’enfant autonomie, engagement et curiosité. Mais attention, s’il ne faut pas sous-estimer les enfants, il ne s’agit pas non plus de les laisser seuls. L’adulte se doit de l’accompagner dans cet apprentissage, le guider pour l’aider à progresser. 

Apprendre ? Certainement, mais vivre d’abord, et apprendre par la vie, dans la vie.

John Dewey